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Dix superbes champions sacrés en boxe masculine à Rio 2016!

L’Ouzbékistan, Cuba et la France ont brillé sur le ring du pavillon Riocentro 6 durant les compétitions de boxe masculine des Jeux de Rio 2016. Jour après jour, le public massé dans les gradins a assisté à un spectacle magnifié par les nouvelles règles de la boxe olympique.

Les compétitions masculines de boxe des Jeux de Rio 2016 ont marqué de nombreux changements, avec notamment l’admission des boxeurs professionnels, une décision qui correspond à ce que l’on voit dans plusieurs sports olympiques. Jour après jour, le spectacle a été passionnant et de très haut niveau!

Hasanboy Dusmatov inaugure le palmarès 2016

Hasanboy Dusmatov a offert la première médaille d'or de boxe des Jeux Olympiques de Rio à l'Ouzbékistan en s'imposant dans la catégorie mi-mouche (- 49 kg), le 14 août, devant le Colombien Yurberjen Martinez, battu aux points. Les médailles de bronze sont allées au Cubain Joahnys Argilagos et à l'Américain Nico Hernandez.

« J’ai fait tout ce qui avait été planifié avant le combat, la tactique, la technique, tout ce que m’avait appris mon coach. J’ai utilisé tout ce que je pouvais ! », a expliqué Hasanboy Dusmatov, premier vainqueur des tournois de boxe disputés sur le ring du pavillon 6 Riocentro. Avec une large partie du public sud-américain poussant derrière son favori colombien, Yurberjen Martinez s’est lancé à l’assaut de son adversaire ouzbek, qui a su garder son sang-froid et répondre par des contres efficaces, et c’est lui qui a dicté le tempo de cette finale. Les trois juges ont unanimement donné les deux premiers rounds à Dusmantov et seul l’un d’entre eux a jugé Martinez vainqueur du dernier round.

L'Ouzbek de 23 ans, champion d'Asie 2015, a été averti par deux fois par l'arbitre pour des coups portés en dessous de la ceinture, mais cela ne l'a pas empêché d'être finalement déclaré champion olympique à l’unanimité, 3-0. Après sa victoire, Dusmatov, pile électrique de 1,56 m, a paradé autour de la salle, sur le dos d’un de ses entraîneurs, entouré du drapeau de l’Ouzbékistan dont il est devenu le 2e champion olympique après son modèle Mahammatkodir Abdullayev sacré en super-légers à Sydney en 2000.

Evgeny Tishchenko sacré chez les poids lourds

Le boxeur russe Evgeny Tishchenko a remporté le 15 août le titre olympique de la catégorie poids lourd (- 91 kg) en s'imposant en finale face au Kazakh Vassiliy Levit, sur décision unanime des juges. Tishchenko, âgé de 25 ans et champion d'Europe et du monde en 2015, partait comme le grand favori de la finale.

Le premier round a vu Tishchenko lutter pour imposer sa boxe face à un Levit plus actif, et qui tentait le combat de près pour empêcher le Russe, plus grand, de déployer son allonge. Scénario plus ou moins identique dans le deuxième round, avec Tishchenko n’arrivant pas à faire porter son jab, et Levit dictant le rythme de cette finale, bien que le poids lourd russe ait réussi à toucher plusieurs fois dans les derniers instants du round.

© Getty Images

Le champion du monde a repris le combat pour le troisième et dernier round bien décidé à tenter le KO, et les deux boxeurs ont échangé des coups appuyés devant un public de plus en plus passionné. Tishchenko a par ailleurs subi une coupure sur le haut du front, qui a entraîné l’arrêt du combat à une minute du terme, le temps que les médecins le soignent. Au final, les juges ont donné Evgeny Tishchenko, vainqueur de chaque round d’un point (trois fois 29-28), pour une victoire 3 rounds à 0.

« Techniquement, je n’ai pas bien combattu, parce que ma tactique était de travailler à distance étant donné que je suis un peu plus grand. Ça n’a pas bien marché, mais j’ai gagné quand même, et je suis très heureux !, a souligné Evgeny Tishchenko. Cela a beaucoup d’importance pour moi, parce que j’ai combattu pour ce résultat durant toute ma vie. J’ai donné tout ce que j’avais dans tous mes combats pour gagner la médaille d’or. »

L'Ouzbek Rustam Tulaganov et le Cubain Erislandy Savon ont pour leur part hérité des médailles de bronze.

Robson Conceição remporte le premier titre du Brésil!

Dans une ambiance de feu, le 16 août autour du ring du Pavillon 6 Riocentro, le Brésilien Robson Conceição a battu en finale des poids légers (- 60 kg) le Français Sofiane Oumiha sur décision unanime des juges, pour décrocher le tout premier titre olympique de la boxe brésilienne. Il a bénéficié du soutien indéfectible du public qui portait en lui de grands espoirs après qu’il avait expédié au tapis, en demi-finale, le Cubain Lazaro Alvarez, classé No 1 de ce tournoi olympique.

Le boxeur de 27 ans originaire de Salvador (nord-est du Brésil) a pris les devants face à son adversaire français dès le début du combat, tous ses coups portés soulevant des hurlements d’approbation dans les gradins. Conceição a ainsi été déclaré vainqueur des deux premiers rounds à l’unanimité des trois juges, mais Sofiane Oumiha s’est beaucoup mieux défendu dans le troisième round, Il n’en reste pas moins qu’à ce point du combat, l’or tendait déjà les bras au champion brésilien. Il a d’ailleurs été déclaré vainqueur de chaque round, 30-27 au premier, 29-28 au second et au troisième pour une victoire 3-0.

Alors qu’il se tenait sur la première marche du podium, la médaille d’or autour du cou, tout le public s’est levé pour entonner l’hymne national brésilien. « Ma vie vient évidemment de changer, a déclaré Robson Conceição. C’est jour le plus exceptionnel de mon existence. Cette médaille n’est pas que pour moi, mais pour mon entraîneur et ma famille. Je suis champion olympique! Quelle journée fabuleuse… »

« Fabuleux », c’est aussi le mot utilisé par son adversaire malheureux Sofiane Oumiha. « J’étais préparé pour cette ambiance de feu, j’en avais parlé avec mon coach. Mais quelle expérience! C’est la première fois que je boxais devant une telle foule, et c’était magnifique. Le public brésilien était vraiment à fond derrière lui! Si cela avait eu lieu en France, cela aurait été la même chose pour moi. »

Respectivement battus en demi-finale par Conceição et Oumiha, le Cubain Lazaro Alvarez et le Mongol Otgondalai Dorjnyambuugiin sont montés à leurs côtés sur le podium pour recevoir les médailles de bronze.

L’or des poids welters reste la propriété du Kazakhstan !

Le Kazakh Daniyar Yeleussinov a été sacré champion olympique chez les poids welters (- 69 kg) en l'emportant le 18 août en finale face à l'Ouzbek Shakhram Giyasov. Le Français Souleymane Cissokho et le Marocain Mohamed Rabii ont pris la médaille de bronze.

Yeleussinov, âgé de 25 ans, a ainsi étoffé son palmarès après avoir été champion du monde des welters en 2013 et vice-champion du monde en 2015. C’est seulement la deuxième fois qu’un pays obtient l’or dans la même catégorie lors de quatre Jeux Olympiques consécutifs, et avec quatre boxeurs différents : le Kazakh Serik Sapiyev s’était imposé à Londres 2012. Il succédait à Bakhyt Sarsekbayev vainqueur à Beijing 2008 alors que Bakhtiyar Artayev l’avait emporté à Athènes 2004.

Yeleussinov a remporté le premier round 10-9 à l’unanimité des juges, et le deuxième round a donné un résultat identique. L’insaisissable Kazakh a esquivé, a fait valoir ses qualités de déplacement, a rebondi sur les cordes, alors que Giyasov tentait de le coincer. Le troisième round a tourné en faveur du boxeur ouzbek, mais c’était trop peu et trop tard pour empêcher Yeleussinov de l’emporter 3-0.

Daniyar Yeleussinov a réagi à propos de cette quatrième médaille d’or consécutive du Kazakhstan dans sa catégorie : « C’est notre catégorie de poids, 69 kg, et je viens de le prouver à nouveau. Je ne sais pas vraiment. C’est peut-être que nous avons beaucoup de talent chez les poids welters ».

Julio Cesar La Cruz s’adjuge le titre des mi-lourds

Le Cubain Julio Cesar, âgé de 27 ans et triple champion du monde amateur de la catégorie mi-lourds (- 81 kg), était le grand favori du tournoi olympique de Rio. Sa boxe mobile et légère en faisaitt un adversaire réputé insaisissable et le Kazakh Adilbek Niyazymbetov en a fait les frais en finale le 19 août. Le Français Mathieu Bauderlique et le Britannique Joshua Buatsi ont reçu quant à eux la médaille de bronze.

Julio Cesar La Cruz a remporté les deux premiers rounds à l’unanimité, mais a souffert dans le troisième où Niyazymbetov a réussi à faire plus qu’impression. Le boxeur cubain sentait qu’il avait gagné et a quelque peu baissé sa garde alors que le match se terminait. Au final, il a gagné les trois rounds (trois fois 29-28) pour une nette victoire 3-0.

Cuba compte désormais un titre dans chacune des douze catégories de boxe olympique. Mais celui-ci était le premier gagné sur le ring du Pavillon Riocentro 6 dans une catégorie où les boxeurs de l’ile des Caraïbes ne s’étaient pas imposés depuis 1980. « J’ai senti moins de pression, a dit un Julio Cesar La Cruz ravi de sa victoire. Je connaissais bien mon adversaire, c’est l’un des meilleurs boxeurs au monde. Jj’ai apprécié ce combat et vous pouvez voir le résultat sur le champ : j’ai la médaille dans la main ! »

Adilbek Niyazymbetov, qui avait également remporté la médaille d’argent à Londres en 2012, espérait bien devenir le deuxième champion olympique kazakh à Rio, après la victoire de Daniyar Yeleussinov chez les welters la veille. Il a confié sa déception d’être passé si près une fois de plus.

« Je ne peux pas dire que je suis totalement heureux, a dit le boxeur kazakh, « parce que j’avais une chance de gagner le titre. Je n’étais pas venu pour la médaille d’argent Et quand vous l’obtenez pour la deuxième fois, c’est un peu triste. Je me suis entraîné durant quatre ans, je me suis préparé pour la médaille d’or, et je suis encore vice-champion olympique, ce qui est bien, mais moins émouvant que la première fois à Londres. »

Robeisy Ramirez s’offre une 2e médaille d’or à l’arraché !

Le Cubain Robeisy Ramirez, médaillé d’or dans la catégorie poids mouche (- 52 kg) à Londres en 2012, a vaincu de justesse l’Américain Shakur Stevenson en finale des poids coq (- 56 kg) le 20 août sur le score de 2-1. Ramirez a misé sur son expérience pour s’imposer au premier round mais s’est incliné au second. Les deux boxeurs étaient donc à égalité au début du troisième round. Au final, les trois feuilles de score qui ont fait la différence lui ont attribué la victoire avec 10-9, 10-9 et 9-10.

Au sujet de son adversaire, Ramirez a déclaré : « Il est très bon, il est jeune et il représente un grand espoir pour l’avenir du sport. Il m’a donné du fil à retordre mais c’est normal, on est tous bien préparés avant un combat. J’ai juste essayé de donner le meilleur de moi-même pour que les juges estiment que je méritais de gagner. »

« Depuis que j’ai démarré la boxe et remporté ma première victoire à Londres, je n’ai cessé de penser à la deuxième, puis à la troisième et à la quatrième. Je suis vraiment heureux d’avoir décroché cette médaille d’or. Peu de gens s’attendaient à ce que je gagne, mais j’y suis arrivé », a ajouté le Cubain. Les médailles de bronze sont revenues au Russe Vladimir Nikitin et à l’Ouzbek Murodjon Akhmadaliev.

Arlen Lopez fait à son tour honneur aux couleurs cubaines

En s’imposant dans la catégorie poids moyens (- 75 kg) face à l’Ouzbek Bektemir Melikuziev, le champion du monde Arlen Lopez a apporté une troisième médaille d’or à la boxe cubaine à Rio. Une demi-heure après la victoire de son compatriote Robeisy Ramirez, Lopez a dominé les deux premiers rounds avant de relâcher légèrement la pression sur son adversaire au troisième. Tout au long du combat, qui rappelait étrangement la finale des championnats du monde de 2015, Lopez a fait preuve de plus de maîtrise que Melikuziev. Le combat s’est clos sur un score de 3-0.

© Getty Images

« À certains moments, j’avais nettement l’impression d’avoir le dessus. J’étais convaincu que j’allais gagner et j’étais de plus en plus excité, a déclaré le Cubain, confiant. Il fallait que je termine le dernier round à 100 %. À la fin, on doit donner le maximum. J’ai maintenant quatre titres. Il ne me reste plus qu’à en faire autant dans quatre ans. »

En 2015, Lopez avait triomphé aux Jeux panaméricains ainsi qu’aux Championnats panaméricains. Les boxeurs cubains cumulent désormais cinq médailles d’or dans la catégorie poids moyens aux Jeux, égalant les États-Unis et la Grande-Bretagne. L’Azerbaïdjan, avec Kamran Shakhsuvarly, et le Mexique avec Misael Rodriguez se sont partagé la troisième place.

L’Ouzbékistan s’installe au sommet de la boxe

En l’espace de deux finales et moins d’une heure, l’Ouzbékistan a gagné deux nouvelles médailles d’or au dernier jour des Jeux. Avec Shakhobidin Zoirov, vainqueur en poids mouche (- 52 kg) puis Fazliddin Gaibnazarov, médaillé d’or en super-légers (- 64 kg), le pays d’Asie centrale a remporté un troisième titre, venu s’ajouter aux deux médailles d’argent et deux en bronze qui en ont fait la première équipe de boxe masculine à Rio!

Shakhobidin Zoirov a gagné l’or des mouche en obtenant la victoire aux points à l’unanimité sur le double champion du monde russe et médaillé de bronze de 2012 Misha Aloyan. Le boxeur ouzbek s’est fait peur dans le premier round lorsqu’il a été victime d’une coupure à la tête, mais il a fini par remporter un combat très serré. Zoirov, qui a été hissé dans les airs par son soigneur, était fou de joie d’être monté sur la plus haute marche du podium. « J’avais un rêve, c’était de gagner aux Jeux Olympiques. C’était mon objectif et j’ai tout fait pour l’atteindre. Je suis maintenant très content d’avoir concrétisé ce rêve. »

Il n’a pas tardé à rendre hommage à Aloyan qui a soutenu la comparaison jusqu’au bout. « Le combat était très équilibré, car mon adversaire était très fort. Nous nous sommes souvent retrouvés tête contre tête et les juges ont décidé d’accorder la victoire à l’Ouzbékistan. Nous apprécions la vaillance de mon adversaire et nous avons beaucoup de respect pour lui, mais nous sommes contents de la décision. ». Les médailles de bronze sont revenues au Vénézuélien Joel Segundo Finol et au Chinois Hu Jianguan.

Fazliddin Gaibnazarov a amplifié la joie de l’Ouzbékistan en doublant la mise grâce à une médaille d’or surprise en finale des super-légers. Il a pris le meilleur sur Lorenzo Sotomayor Collazo (Azerbaïdjan) sur une décision partagée 2-1. Le Russe Vitaly Dunaytsev et l’Allemand Artem Harutyunyan ont remporté chacun une médaille de bronze.

« Je ne trouve pas les mots pour exprimer ma joie, ni ce que je ressens. C’est le jour le plus heureux de ma vie, a déclaré Gaibnazarov. Le combat s’est déroulé comme je l’avais prévu et j’ai saisi ma chance. »

« Je me sens un peu triste », a reconnu Sotomayor Collazo qui avait battu Gaibnazarov précédemment et qui a éclaté en sanglots à l’annonce du verdict des juges. « Je voulais l’or, je voulais être champion, le roi, mais cela n’a pas été possible. Je suis allé jusqu’en finale. Tous les athlètes essaient de se battre pour le titre. »

Tony Yoka triomphe chez les super-lourds

Pour le dernier combat de boxe de ces Jeux, Tony Yoka, âgé de 24 ans, a clôturé l'exceptionnelle moisson française à Rio avec six récompenses (2 or, 2 argent, 2 bronze). En battant le Britannique Joe Joyce 2-1 en finale des super-lourds (+ 91 kg), il a aussi imité aussi sa compagne Estelle Mossely, titrée deux jours plus tôt chez les poids légers. « J'avais dit que si j'étais au meilleur de ma forme, personne ne me battrait ici. Je savais qu'il ne pouvait pas me battre, il est moins bon que moi. C'est ce que je me suis répété. C'est un bon puncheur, mais je suis un meilleur boxeur », a expliqué Yoka en sortant du ring.

Champion du monde en titre, Yoka a tenu son rang face au Britannique de 30 ans, qu'il avait d'ailleurs battu sur la route de son sacre planétaire l'an passé. « La force d'un vrai champion, ce n'est pas d'arriver en haut, mais d'y rester. Je suis devenu champion du monde, il fallait que j'assume ce statut-là », a-t-il ajouté. Moins mobile qu'en demi-finale en raison d'une blessure à une cheville, Yoka a tout de même fait parler sa boxe d'esquive et de contre pour forcer la décision des juges, dont deux sur trois se sont prononcés en sa faveur.

La France tient en tout cas un couple en or, avec Estelle Mossely, sa future femme sacrée un jour avant lui. « C’est absolument incroyable. Nous rêvions de participer aux Jeux ensemble, et ensuite, nous rêvions aussi de gagner tous les deux une médaille, et pourquoi pas de l’or. Et maintenant, nous l’avons fait tous les deux. Incroyable ! », a dit le premier français champion olympique des super-lourds. « Après sa victoire, elle m’a juste dit de gagner parce qu’elle avait fait son job et qu’elle avait sa médaille. C’était à mon tour, et je ne pouvais pas échouer. Il faut croire en ses rêves, aller jusqu'au bout et les réaliser. »

Dans cette catégorie, le Croate Filip Hrgovic et le Kazakh Yvan Dychko, respectivement battus par Yoka et Joyce en demi-finales, ont pris les médailles de bronze.
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