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Cyclisme sur route à Rio 2016 : deux vainqueurs en puissance à Fort Copacabana

Chez les hommes comme chez les dames, les vainqueurs originaires de pays européens voisins, Greg van Avermaet et Anne van der Breggen, ont fait parler leur puissance pour franchir la ligne d’arrivée devant leurs derniers rivaux. Dans les deux cas après avoir repris dans le final celui et celle qui roulaient encore seuls devant à quelques encablures du but.

Au lendemain de la cérémonie d’ouverture, le samedi 6 août, le coureur belge Greg van Avermaet, vainqueur d'étape et maillot jaune lors du dernier Tour de France en juillet 2016, a réglé au sprint ses deux derniers compagnons d’échappée, dans l'ordre le Danois Jakob Fuglsang et le Polonais Rafal Majka. Ce dernier a été rejoint à seulement 1400 mètres de l’arrivée. Il s’agit du plus beau titre de la carrière du champion belge, dans un décor de carte postale en mondovision !

Sur le front de mer de Copacabana, envahi doucement par l'ombre après une chaude journée à plus de 30°, les premiers poursuivants ont échoué à une poignée de secondes, le Français Julian Alaphilippe remportant le sprint pour la quatrième place. Dans un scénario dramatique, une chute dans la dernière descente a sorti du jeu à 12 kilomètres de l'arrivée l'Italien Vincenzo Nibali, grand protagoniste de cette course olympique, et le Colombien Sergio Henao. Tous deux étaient échappés avec Majka et disposaient d'une quinzaine de secondes d'avance sur leurs poursuivants.

Majka a poursuivi son effort, mais le meilleur grimpeur du Tour de France 2016 n'a pu résister au forcing de van Avermaet, plus puissant, et de Fuglsang, sur les sept derniers kilomètres de plat menant jusqu’à la ligne d’arrivée. « Je travaillais avec Fuglsang et nous avons aperçu Majka », a indiqué Greg van Avermaet après sa belle victoire. « Nous savions que c’était possible. J’ai dû m’accrocher. Je suis si heureux de gagner l’or ! Tout le monde avait dit que la course était pour n’importe qui d’autre ! »

La course, longue de 237,5 kilomètres, a pris la forme d'un match à trois entre les équipes les plus nombreuses numériquement (Espagne, Italie et Grande-Bretagne) dans la descente du deuxième des trois tours du circuit de Canoas - Vista Chinesa, en surplomb des célèbres plages de Rio.

Auparavant, une échappée lancée dès la première demi-heure avait réuni sept coureurs (Kwiatkowski, Pantano, Geschke, Albasini, Kochetkov et Byström). Leur avance avait approché les huit minutes avant que les trois équipes ne réduisent l’écart. Nibali, aidé par Fabio Aru pour la Squadra, s'est lancé à l'offensive à 35 kilomètres de l'arrivée. Derrière le groupe de dix formé à son initiative (avec Caruso, Zeits, Thomas, Henao et van Avermaet, premiers contre-attaquants, puis Yates, Fuglsang et Majka), les Espagnols ont mené la chasse en demandant de l'aide pour réduire l'écart d'une cinquantaine de secondes.

© Getty Images

Dans l'ultime ascension, le Britannique Chris Froome est parti à l'attaque dans son style caractéristique. Son dauphin du Tour de France, Romain Bardet, a tenté en vain de le suivre. Mais à l'avant, Nibali a forcé l'allure et a fini par provoquer la décision avant le sommet, au seuil des 20 derniers kilomètres, avec Majka et Henao.

Le trio n'a basculé qu'avec une vingtaine de secondes d'avance sur le groupe de contre-attaque renforcé par le Français Julian Alaphilippe. C'est dans la descente piégeuse de Vista Chinesa, où l'Australien Richie Porte était tombé au tour précédent, que Nibali et Henao ont perdu toute chance, tout comme le Britannique Geraint Thomas. Alaphilippe, a frôlé lui aussi le pire mais a pu repartir.

Van Avermaet, auteur d'un superbe Tour, est passé à travers ces embûches. A 31 ans, le Flamand, qui court le reste de la saison pour l'équipe BMC, a magistralement saisi sa chance et remporté un triomphe qui correspond bien à la devise qu’il a choisie pour son compte Twitter : « Travailler dur en silence, laisser le succès parler. »

Anne van der Breggen au bout du suspense

Dans la course sur route féminine, disputée le 7 août, le final a été haletant. À 26 ans, la Néerlandaise Anna van der Breggen est devenue championne olympique. Elle a précédé la Suédoise Emma Johansson et l'Italienne Elisa Longo Borghini dans un scénario incertain jusqu'aux dernières secondes.

L'Américaine Mara Abbott, qui roulait seule devant à l’approche de l’arrivée, a été reprise à seulement 150 mètres de la ligne par le trio Van der Breggen-Johansson-Longo Borghini. Abbott pouvait pourtant penser avoir course gagnée après la chute de la Néerlandaise Annemiek van Vleuten, qui était en tête dans la dernière descente, à une dizaine de kilomètres du but.

Mais l'Américaine, victorieuse début juillet de l'étape du Giro Rosa qui franchissait le célèbre Mortirolo, l'un des cols les plus sévères des Alpes, a vu son avantage fondre lors des derniers kilomètres de plat, tout comme le Polonais Rafal Majka la veille. Van der Breggen a alors fait parler sa puissance pour s’imposer sur la ligne d’arrivée.

Van der Breggen, qui s'est consacrée à sa carrière professionnelle à partir de 2012 après avoir fait des études d’infirmière (elle était partie en mission au Ghana dans ce cadre), était l'une des favorites au départ des 136,9 kilomètres. Un statut justifié par ses victoires dans la Flèche wallonne (2015 et 2016) et sa deuxième place au championnat du monde l'an passé.

« Je me suis concentrée sur l’objectif, et j’ai gagné la course. C’est le résultat d’années de travail acharné, de vélo et d’entraînement. Annemiek était en tête, puis j’ai réalisé que je devenais la première coureuse de mon équipe. Quel choc ! », a dit la médaillée d’or à chaud, tandis que sa dauphine suédoise déplorait : « J’ai souffert toute la course. Cela aurait été bien de grimper une marche supplémentaire sur le podium, mais j’ai fait ce que j’ai pu. »  Quand à Elisa Longo Borghini, elle raisonnait plutôt en termes de poids : « Je veux juste sentir combien pèse la médaille ! Je suis en état de choc, on vient juste de rattraper Mara Abbott ! »  

La Néerlandaise, qui a succédé au palmarès à sa compatriote Marianne Vos, a conclu une course lancée dans sa première moitié par la plus jeune concurrente en lice, la Belge Lotte Kopecky (20 ans). Après le regroupement général opéré à 60 kilomètres de l'arrivée, un groupe de sept concurrentes formé à l'initiative de Vos, avec notamment la Française Pauline Ferrand-Prévot, a abordé le circuit de Canoas - Vista Chinesa avec 1 min 15 sec d'avance.

Dans l'ascension, l'équipe américaine a condamné l'échappée. Abbott a durci encore l'allure pour provoquer la sélection par l'arrière, au détriment de la Britannique Lizzie Armitstead, la championne du monde 2015, bien revenue dans le final pour prendre la cinquième place de la course.

© Getty Images

Sur les dernières rampes, van Vleuten a attaqué sèchement à 18 kilomètres de l'arrivée. Mais Abbott a effectué la jonction et le duo a basculé au sommet avec une cinquantaine de secondes d'avance sur le premier groupe de poursuite (Johansson, Longo Borghini et van der Breggen).

Alors que quelques gouttes de pluie commençaient à tomber, van Vleuten, seule en tête dans la descente, a chuté comme tant d'autres (Nibali, Porte, Henao, Thomas) la veille. Abbott, désormais en tête, pouvait entrevoir le rêve olympique. Jusqu'au cauchemar des derniers kilomètres et sa quatrième place finale, au pied du podium. « J’ai pédalé au maximum, je suis arrivée à 200 m du but et je me suis dit ‘Oh mon Dieu, ça va arriver !’ et puis elles me sont passé devant », a constaté amèrement Mara Abbott.

Pour les Pays-Bas, c’est une quatrième médaille d’or dans la course féminine sur route, après Monique Krol (1988), Leontien Zilljaard (2000) et Marianne Vos (2012). Emma Johansson remporte quant à elle l’argent pour la 2e fois dans cette épreuve après Londres 2012 et n’est que la 3e femme à avoir gagné deux médailles dans la course cycliste sur route. 

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