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Dans la peau du plus grand : Stephan James raconte le Jesse Owens qu’il a été

En 2016, Stephan James incarnait le légendaire Jesse Owens dans le film La Couleur de la victoire (Race). L’acteur, qui explique avoir cherché à imiter sa façon de courir ou à comprendre quelle personne se cachait derrière l’athlète, raconte le défi plaisant qu’il a relevé en représentant à l’écran l’homme qu’il qualifie de « superhéros ».

Convaincre tous les publics qu’on est l’homme le plus rapide de la planète et qu’on est sur le point d’être sacré quadruple champion olympique est un boulot monstre pour un acteur.

« Je me suis entraîné deux fois par jour pendant trois mois avec des entraîneurs d’athlétisme de l’université Georgia Tech, j’ai travaillé ma condition physique, j’ai essayé de courir plus vite et j’ai fait attention à ma forme », dit Stephan James, l’étoile montante d’Hollywood. Il a tenu le rôle d’Owens dans La Couleur de la victoire (Race), le biopic à succès sorti en 2016. « Et tout cela pour tenter d’être un Jesse Owens convaincant. »

« Je voulais devenir Jesse et essayer d’imiter totalement sa façon de courir. Et finalement, j’ai si bien réussi que je ne savais plus si on pouvait courir différemment. »

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Fait remarquable, Stephan James estime qu’on le voit dans à peu près 90 % des plans d’Owens dans le film, alors que les anciens olympiens recrutés pour jouer les doublures n’apparaissent pratiquement pas. Ce qui lui a d’ailleurs posé un défi supplémentaire. Non seulement il devait essayer de copier le style fluide unique d’Owens, mais il devait en plus tenir compte que ce style avait été revu et corrigé juste avant les Jeux Olympiques de Berlin 1936.

« C’est vraiment intéressant, poursuit Stephan James. Comme athlète, il a suivi une courbe d’apprentissage, d'Ohio State [l’université qu’il a intégrée en 1933] jusqu’aux Jeux Olympiques. C’est une donnée que nous explorons dans le film, en suivant la progression de sa technique de course. Il fallait donc que ma propre technique s’améliore tout au long du film. »

James, Canadien de deuxième génération de 23 ans, a décidé que pour y arriver, il devait totalement s’immerger dans le monde d’Owens.

« Je devais m’entraîner dans les mêmes conditions que lui en 1933. Jesse Owens ne bénéficiait pas du luxe de toute la technologie d’aujourd’hui… Et il portait des chaussures munies de pointes de 5 cm et courait sur la cendrée », ajoute Stephan James, qui a porté son record personnel du 100 m, sur cendrée et avec des pointes de 1936, à un tout petit peu plus de 12 secondes à la fin du tournage !

Pour l’acteur, qui a accédé à la célébrité mondiale en 2014 grâce à son rôle dans Selma, film nommé aux Oscars, les conditions dans lesquelles Owens a obtenu ses succès viennent simplement souligner l’étendue de son talent.

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« S’il devait courir aujourd’hui, il battrait beaucoup d’athlètes de pointe », dit-il.

Cette affirmation a pris tout son poids en 2016, lorsque la chaîne de télévision canadienne CBC a lancé un défi au sprinter Andre de Grasse, dauphin de Bolt sur 200 m aux Jeux Olympiques de Rio 2016, et troisième du 100 m. Il lui était demandé de faire aussi bien qu’Owens, sacré sur 100 m en 10 sec 3 aux Jeux de Berlin 1936, avec le même équipement et en courant sur une piste similaire. De Grasse, que beaucoup considèrent comme l’avenir du sprint lorsque Bolt aura décroché, a été chronométré en 11 secondes tout rond !

Si on ajoute à cela les circonstances exécrables dans lesquelles Owens a été obligé de concourir, que ce soit chez lui dans une Amérique où régnait la ségrégation raciale ou à Berlin devant Hitler, à l’apogée du nazisme, on peut comprendre ce que dit Stephan James ci-après.

« Je n’ai jamais joué de superhéros, mais c’est probablement lui qui s’en rapproche le plus », dit-il.

« Il a littéralement fait tomber des barrières en athlétisme. Ce qu’il a représenté pour l’Amérique, ce qu’il a représenté pour le peuple, là-bas en Allemagne, est vraiment sans équivalent. »

Plus poétiquement, le tournage de ce film a conduit Stephan James à rencontrer l’homme qui dominait l’athlétisme de son époque.

« Je suis Jamaïcain [les deux parents de Stephan ont émigré au Canada] et j’étais assez surexcité à l’idée de le rencontrer, car Usain Bolt est bien le Jesse Owens de notre époque », dit Stephan James. Il a rencontré l’octuple champion olympique lors des Championnats du monde de l’IAAF, Beijing 2015.

Tout naturellement peut-être, il est aujourd’hui un inconditionnel de l’athlétisme et a suivi avec avidité les épreuves de Rio de Janeiro.

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« J’ai un autre niveau de respect vis-à-vis de l’entraînement qu’ils doivent endurer et de la mentalité dont ils font preuve. Ils ont peu de droit à l’erreur. Ça ne dure que 10 secondes et au bout, c’est la victoire ou la défaite », dit-il.

Il est intéressant de noter que bien qu’étant récemment devenu un fanatique de sports, le jeune Stephan connaissait Jesse Owens de nom, mais pas grand-chose de ses actes ou des détails les entourant jusqu’à ce que le film croise sa route.

« Lorsque j’ai reçu le scénario, j’ai dû réfléchir pour savoir qui était Jesse Owens, raconte Stephan James. C’était vraiment sympa d’être entouré de ses filles. Elles ont joué un rôle crucial en nous aidant à faire ce film, en m’aidant à affiner le personnage qu’était Jesse Owens, l’homme, l’humaniste. Ça me plaisait encore plus que son aura de star de la piste. »

Pour Stephan James, la transmission de ces connaissances a constitué le sommet de toute l’expérience.

« Avoir eu l’occasion d’en apprendre autant sur lui et être ensuite celui qui enseigne à toute une nouvelle génération qui il était, c’est vraiment le plus grand honneur que j’ai eu dans toute ma carrière professionnelle », dit l’acteur.

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